D’une part parce que l’État ne veut rien lâcher de ses prérogatives.
D’autre part parce que nul n’a le courage de revenir vraiment sur la clause générale de compétences.
Quand l’Allemagne gère son éducation au niveau local (moins de 7%
des dépenses au niveau fédéral, 80% au niveau du land – voir
infographie), quand le Royaume-Uni instaure un forfait par élève délivré
par les autorités locales à partir de 2014, quel que soit le statut de
l’école, la France reste toujours arcboutée sur son modèle de
financement de l’éducation centralisée : l’État
rémunère les professeurs, la région gère les lycées et rémunère les
personnels techniques (TOS), le département supervise les collèges et
les transports scolaires et la commune gère les écoles primaires.
La gestion de l’enseignement
principalement par un échelon local (région ou commune) comme l’ont
adopté nombre de pays européens, serait beaucoup plus cohérente. Cela
passerait par un forfait par élève et par an qui serait versé à chaque
école qui redonnerait du sens à l’expression « égalité des chances »
La
spécialité française est celle des financements croisés venant de
multiples strates publiques qui diluent les responsabilités et faussent
les comparatifs de coûts. C’est le cas pour l’éducation mais c’est aussi
le cas pour la culture ou l’aide au développement. Marseille est un bon exemple : le Mucem, « le grand musée de civilisation pour l’Europe et la Méditerranée » a trouvé comme un frère jumeau dans le Centre régional de la Méditerranée (Cerem), « un symbole de fraternité entre les peuples de la Méditerranée »… Mucem et Cerem vont donc cohabiter dans la même ville avec le même objet : célébrer les peuples de la Méditerranée.
L’art
contemporain est un autre bon exemple : vingt-deux fonds régionaux
d’art contemporain (Frac) en métropole doublonnés par les villes et
départements qui se lancent aussi dans la course. Paris dispose ainsi
d’un Fonds municipal d’art contemporain (Fmac) ; à Marseille, c’est le
Fonds communal d’art contemporain (Fcac), créé en 1949 ; à Nice, le
musée d’Art moderne et d’Art contemporain (Mamac) : tous ces fonds
dépassant le millier d’œuvres.
Quant à l’aide publique au développement, c’est aussi une mission
publique dont la généralisation à différents échelons pose problème :
l’État y a consacré en 2012 près de 9,98 milliards d’euros, voire même
10,39 milliards d’euros si on y intègre les agences et opérateurs et la
taxe spéciale sur les billets d’avions. À côté, les aides des
collectivités en matière d’aide publique au développement se montent à
70 millions d’euros, soit 0,57% de l’effort d’État, l’aide extérieure
des collectivités au sens large étant d’environ 250 millions d’euros. Est-il
normal que les collectivités participent, même à la marge, à l’effort
global d’APD ? Est-il légitime que le volume total de leur action
extérieure ne soit pas précisément audité, alors qu’il apparaissait dès
2005 comme près du double ?
Autre sujet, celui du nombre de communes :
la France compte 40% de l’ensemble des communes de l’Union européenne.
Trois fois plus de communes que l’Allemagne, plus peuplée, et presque
quatre fois plus que le Royaume-Uni, d’où un fort émiettement (75% ont
moins de 700 habitants) qui en complexifie la gestion locale et en rend
problématique l’accès aux services publics obligatoires et facultatifs,
services d’état civil, d’action sociale, SDIS, caisse d’action sociale,
HLM.
Il serait tentant de les fusionner, pour faire des économies.
Depuis 1966, l’État pousse donc à la création d’intercommunalités. Avec
succès, puisque 93% des communes sont regroupées dans des
intercommunalités. Mais les économies ne sont pas au rendez-vous ; en
effet, à côté des nouvelles formes de coopération, la France a toujours
gardé ses 36.600 communes, lesquelles ont continué d’embaucher.
En Île-de-France par exemple, la communauté d’agglomérations Arc de Seine rassemblait cinq communes (Chaville, Issy-les-Moulineaux, Meudon, Vanves et Ville-d’Avray) comptant au total un peu plus de 162.000 habitants.
Mais la chambre régionale des comptes a révélé que « la communauté n’a pas été en mesure d’indiquer si sa création avait ou non permis la réalisation d’économies de personnel corrélatives dans les communes la composant ».
L’intercommunalité s’est justifiée par l’augmentation de sa population et a estimé que sa création n’avait pas pour vocation de freiner les actions menées par les communes…
De fait, le conseil des prélèvements obligatoires a remarqué que la mise en place d’une intercommunalité faisait généralement augmenter les taux des impôts locaux, en particulier la taxe sur le foncier bâti et la taxe d’habitation.
En Île-de-France par exemple, la communauté d’agglomérations Arc de Seine rassemblait cinq communes (Chaville, Issy-les-Moulineaux, Meudon, Vanves et Ville-d’Avray) comptant au total un peu plus de 162.000 habitants.
Mais la chambre régionale des comptes a révélé que « la communauté n’a pas été en mesure d’indiquer si sa création avait ou non permis la réalisation d’économies de personnel corrélatives dans les communes la composant ».
L’intercommunalité s’est justifiée par l’augmentation de sa population et a estimé que sa création n’avait pas pour vocation de freiner les actions menées par les communes…
De fait, le conseil des prélèvements obligatoires a remarqué que la mise en place d’une intercommunalité faisait généralement augmenter les taux des impôts locaux, en particulier la taxe sur le foncier bâti et la taxe d’habitation.
Paradoxalement, à l’heure où le gouvernement promeut, avec juste
raison, un « choc de simplification », nul au gouvernement ne s’engage
en faveur du référendum Alsacien, alors que cela aurait pu être un
laboratoire de la modernisation de l’action publique locale. On ne
compte plus les rapports -notamment dernièrement celui de l’OCDE, sur la
gestion des politiques publiques en France - qui ont mis à l’index le
mille-feuille à la française et le chevauchement des domaines de
compétences des différents échelons comme source de gaspillages
budgétaires.
Plus que de décentralisation au
sens classique du terme, il faudrait parler de cartographie des missions
publiques, de redéfinition des périmètres, de simplification mais aussi
de fusions. On pense naturellement à des politiques publiques
emblématiques comme l’éducation, la culture mais aussi les aides aux
entreprises ou l’action sociale qui sont des politiques publiques
particulièrement éparpillées entre les différents niveaux
d’administration. Pour cela, il faudrait s’interroger sur la suppression
de la clause générale de compétence et une réflexion approfondie sur le
principe de subsidiarité de l’action publique.
Réformer profondément l’action publique signifie aussi anticiper le
fait que certains services publics n’auront plus dans le futur en
termes d’effectifs et d’antennes locales une place aussi importante
tandis que d’autres devraient monter progressivement en puissance. A
titre d’exemple, nous devrions voir dans les prochaines années une
réduction substantielle des services déconcentrés des finances publiques
et du nombre de Caisses primaires d’assurance maladie tandis que le
nombre de crèches augmentera sur le territoire. Cette réflexion globale
est celle que la France attend de la modernisation de l’action publique.
Elle doit être menée avec l’objectif d’économiser sur les dépenses
publiques en termes de réduction de coût de production (60 milliards
d’euros si on rapproche notre propre coût de production de 27,7% du PIB
de la moyenne de l’UE qui est de 24,9% (chiffres OCDE)).
François Hollande a lancé, en octobre 2012, les états généraux de
la démocratie territoriale. Prudent, le Président ne parle pas de
fusionner les départements et les Régions, et encore moins les
communes ; il préfère aller « au bout de la logique des blocs de
compétences ». « Clarifier le qui fait quoi », dit, en substance,
l’entourage de la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu,
ce qui se traduit par la mise en place de « chef de filât ». Maintenant,
il faut aller plus loin.
Clarifier le « qui fait quoi » dans le mille-feuille local permettrait d’économiser à soi seul 11,6 milliards d’euros par an.
Mais pour y arriver, en dépit de l’opposition probable du Sénat, il
faudra réduire l’aléa moral des élus. C’est-à-dire s’attaquer pour de
bon à la suppression du cumul des mandats. Cela passera aussi par la
possibilité de comparer les coûts entre des services publics ce qui
suppose de mener une véritable ouverture des données publiques locales
(y compris microéconomiques, annexes des comptes, contrats de délégation
de services publics, exécution budgétaire des opérateurs etc.).
Au-delà, il faudra aussi avancer sur l’idée de
rendre plus responsables de leur financement les collectivités
territoriales. En effet, elles reçoivent aujourd’hui environ 50% de
leurs financements sous forme de prélèvements sur recettes de l’État, ce
qui n’est pas sain. Responsabiliser les décideurs locaux nécessiterait
de leur conférer un véritable pouvoir de taux, sur une fiscalité rénovée
et dynamique contre la suppression de la garantie de l’État sur ces
mêmes recettes.
Quant à l’État, il lui faudra accepter d’abandonner totalement une
partie de ces recettes fiscales désormais transférées et des missions
comme celle du traitement des professeurs, de la gestion des retraites
publiques, de la culture, de l’allocation adulte handicapé, laquelle
devrait trouver plutôt sa place dans le bloc de dépenses de la sécurité
sociale…
Dans le cadre de la discussion du projet de loi sur les métropoles, les sénateurs écologistes proposent ces derniers jours la disparition à terme des conseils généraux et la suppression immédiate de la clause générale de compétence pour les départements. Repenser véritablement les périmètres publics, leur conférer à chacun la maîtrise des ressources qui les financeront, ce devrait être cela la véritable feuille de route du nouvel acte III de la décentralisation.
Dans le cadre de la discussion du projet de loi sur les métropoles, les sénateurs écologistes proposent ces derniers jours la disparition à terme des conseils généraux et la suppression immédiate de la clause générale de compétence pour les départements. Repenser véritablement les périmètres publics, leur conférer à chacun la maîtrise des ressources qui les financeront, ce devrait être cela la véritable feuille de route du nouvel acte III de la décentralisation.
15 commentaires:
31 juillet 2013
Assemblée nationale : aucun député présent à l'ouverture de la dernière séance
La dernière séance de la session extraordinaire de l'Assemblée nationale a débuté, jeudi 25 juillet, sans aucun député dans l'Hémicycle. A l'ouverture des travaux prévus pour 9h30, seuls le président de séance, l'écologiste Denis Baupin et le ministre délégué au Budget, Bernard Cazeneuve étaient présents sur les bancs de l'Assemblée, indique "Le Canard Enchaîné", mercredi 31 juillet.
Un président de séance (le député (EELV) de la 10e circonscription de Paris, Denis Baupin) un ministre délégué au Budget, Bernard Cazeneuve, et aucun député. C'est ainsi qu'a débuté la dernière séance de la session extraordinaire à l'Assemblée nationale, programmée jeudi 25 juillet à 9h30.
Les fonctionnaires du Palais-Bourbon réussissent à rameuter deux parlementaires
«Plutôt gênant, alors que l'Assemblée devait entendre un hommage aux victimes de la catastrophe ferroviaire de Saint-Jacques-de-Compostelle», précise "Le Canard Enchaîné". Et l'hebdomadaire satirique de poursuivre : «les fonctionnaires de l'Assemblée ont finalement réussi à rameuter deux malheureuses parlementaires». Les travaux ont donc pu débuter avec une affluence record de quatre personnes dans l'Hémicycle du Palais-Bourbon.
Outre l'hommage rendu aux victimes de la catastrophe ferroviaire espagnole. Et après avoir attendu que des courageux arrivent en renfort, les parlementaires ont dû approuver diverses conventions internationales, le règlement du budget et les comptes de l'année 2012 avant de se pencher sur la thématique des «soins sans consentement en psychiatrie».
CA S ARRANGE......
Le record est tombé!
http://www.newsring.fr/actualite/1006581-assemblee-nationale-aucun-depute-present-a-louverture-de-la-derniere-seance
Zéro dépputé dans l'hémicycle à l'ouverture de la dernière séance, il y a comme un problème dans le fonctionnement de la république
http://www.jean-paul-fournier.com/article-reaction-aux-agressions-recurrentes-des-elus-a-l-occasion-des-installations-illicites-de-convois-de-119332183.html
on entend de plus en plus qu'il faut aller dans la rue pour stopper toutes ces augmentations et les taxes contre le peuple, et crier cette colère. Je n'ai jamais autant entendu de révoltés, et croyez moi, je ne suis pas jeune
A quoi peut servir la dé centralisation à partir du moment ou les EPCI sont plus opaques que l'état lui même ? Chez nous avez vous vu les compte rendu des conseils d'agglo ? ceux du sitdom ? Non on ne sait rien ! En 2014 les électeurs comme dab vont voter localement contre la couleur nationale, et donc une alternance dans pas mal de ville et nous ne saurons rien de plus..
A quoi peut servir la dé centralisation à partir du moment ou les EPCI sont plus opaques que l'état lui même ? Chez nous avez vous vu les compte rendu des conseils d'agglo ? ceux du sitdom ? Non on ne sait rien ! En 2014 les électeurs comme dab vont voter localement contre la couleur nationale, et donc une alternance dans pas mal de ville et nous ne saurons rien de plus..
" nous ne saurons rien de plus..", pas sûr Anonyme de 23:13, si ce sont des contribuables qui sont élus, comme Mesdames Grenet, Subtil, comme Messieurs Subirana, Germain, Grimaltos et bien d'autres, très engagés dans la transparence et l'utilisation de notre argent.
Maintenant effectivement si on prend les mêmes (politiques), on recommence.
Aucun député en séance à l'Assemblée Nationale,normal ils étaient dans leurs circonscriptions.Beaucoup sont maires,Conseillers Généraux ou Régionaux,présidents ou vice présidents d' Agglo,ils n'ont pas le don d'ubiquité,mais ils empochent quand même les indemnités liées a leurs différents mandats.Heureusement que le cumul des mandats sera interdit quand les poules auront des dents !!!
Je vais essayer de ne pas me pointer à mon boulot demain, sans motif, sans arrêt de travail, et je verrai si mon salaire ne sera pas amputé, voir un licenciement pour faute grave.
Je vous tiens au courant sinon si vous connaissez un bon syndicat, de gauche évidemment pour me défendre, n'hésitez pas à me contacter :
equitésociale@normal.2014france
http://www.youtube.com/watch?v=shBxm5x6QTs&feature=share
A ECOUTER ET A PARTAGER
Merci Nicole, à méditer.
J'adore et tellement vrai http://www.atlantico.fr/decryptage/gouvernement-est-en-vacances-mais-t-bien-meritees-reponse-avec-bulletin-notes-ministres-thomas-guenole-804802.html
http://www.youtube.com/watch?v=rjJ1WPBGm2g&feature=em-subs_digest
Profitez bien de vos vacances si vous en prenez.
amicalement
C'est tellement vrai :Yves Jamait Yen a qui
http://www.youtube.com/watch?v=js3YnoQy7gQ
http://www.lesechos.fr/economie-politique/politique/actu/0202925318623-absenteisme-a-l-assemblee-plusieurs-deputes-vises-par-des-amendes-591160.php :
"L’assiduité des députés français poserait-elle problème ? Dès 1994, l’article 159 du règlement de l’Assemblée nationale encadrait les absences des parlementaires de la chambre basse, et envisageait de retirer un tiers de leur indemnité à ceux qui manquent trop de scrutins publics. Cette pénalité n’a encore jamais été appliquée, mais peut-être le problème n’a-t-il pas été résolu, car en 2009, l’article 42 du même règlement venait renforcer cette sanction, appliquant une pénalité aux députés absents plus de deux fois par mois aux travaux des commissions permanentes qui se tiennent le mercredi matin. Des absences qui donnent lieu « à une retenue de 25 % sur le montant mensuel de [l’] indemnité de fonction. » Le site d’informations Slate.fr a, d’ailleurs, dressé la liste des parlementaires qui devraient être pénalisés pour leurs absences, à l’issue de cette première année de mandat de la 14ème législature : sur 577 députés, au moins 130 pourraient l’être."
L'article se termine ainsi :
"En matière de transparence à l'Assemblée, des progrès restent donc à faire. Après les rebondissements du projet de loi sur la transparence , amputé de la partie qui concerne la publication du patrimoine des élus , l'Assemblée a fait savoir qu' «aucun chiffre [ou] nom concernant les retenues dues aux absences» ne sera rendu public."
Enregistrer un commentaire